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— Oui, mon ami, à propos des troubles de Z… ; que désirez-vous ?

— C’est bien cela, reprit le matelot, et sortant un papier plié très fin de la poche de son pantalon : Prenez cela et grand bien vous fasse ; surtout, quand vous aurez lu cette lettre, déchirez-la et jetez-en les morceaux à la mer.

— Soyez tranquille, mon ami, cela sera fait, dit Julian en prenant le papier et le cachant. Merci, acceptez cela, ajouta-t-il en lui présentant un louis.

— Non, répondit le marin en repoussant l’argent ; je puis rendre un service, mais je ne le vends pas. Gardez votre argent, vous en aurez besoin.

— Alors laissez-moi vous serrer la main.

— Oh ! quant à cela, avec plaisir.

Ils échangèrent à la dérobée une chaleureuse étreinte et ils se séparèrent.

Il était défendu aux matelots de causer avec les transportés.

Cette lettre, si étrangement remise au jeune homme, lui faisait éprouver une émotion à la fois douce et douloureuse.

Quel ami lui écrivait enfin ? Quel malheur allait-il apprendre ?

Malgré la curiosité qui lui étreignait le cœur, Julian tremblait ; il désirait connaître le contenu de cette lettre, et il tremblait de l’ouvrir.

Cet inconnu lui faisait peur ; après tant de souffrances imméritées, la joie l’effrayait plus que toute autre chose ; son hésitation fut longue ; assuré contre la douleur, il craignait de n’avoir pas la force de supporter un rayon de bonheur, si faible qu’il fût.

Cette lettre le brûlait.

Enfin, par un mouvement presque machinal, il l’ouvrit.

Une fois ouverte, il la lut avec une indicible palpitation de cœur.

Cette lettre était courte, mais elle contenait une foule de choses intéressantes, nous la transcrivons textuellement :