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ques jours dans la tribu. Voici à peu près l’époque où j’ai l’habitude de me rendre au village, voulez-vous que je vous y conduise ? Venant avec moi, les Indiens vous recevront bien, et ma mère vous remerciera de lui confier votre fille.

— Cœur-Loyal, répondit le chasseur avec émotion, votre offre est celle d’un homme honnête et sans détours, je l’accepte aussi franchement que vous me la faites ; près de votre mère ma fille sera heureuse et elle n’aura rien à redouter, merci.

— Cœur-Loyal, fit le métis avec effusion, je ne sais qui vous a donné le nom que vous portez, mais, canarios ! celui-là vous connaissait bien, je vous l’affirme.

Les deux hommes sourirent de la boutade de Lanzi.

— Maintenant que c’est une chose arrangée, continua-t-il, vous n’avez plus besoin de moi, n’est-ce pas ? Alors bonsoir ; je vais dormir, j’ai les paupières qui me piquent comme si elles étaient remplies d’épines.

Il s’enveloppa avec soin dans son zarapé, s’étendit sur le sol, et une minute plus tard, il dormait à poings fermés ; il est probable que le digne homme voulait rattraper le temps perdu, car il ne se dissimulait nullement que dans le conseil, il n’avait rempli que le rôle de comparse et servi absolument à rien.

— Quand partons-nous ? demanda le Canadien.

— La route est longue, répondit le Cœur-Loyal ; nous avons plus de trois cents milles à franchir ; Carméla est épuisée par les fatigues que depuis quelques jours elle a endurées, peut-être ferions-nous