Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/87

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Déjà ! répondit Tranquille, en déposant un baiser sur son front, et en riant, diable ! fillette, il paraît que mon absence ne t’a pas parue longue.

— Pardonnez-moi, ce n’est pas cela que je voulais dire, mon père, fit-elle toute confuse.

— Et que voulais-tu donc dire, mon enfant ?

— Oh ! rien.

— Au contraire, n’est-ce pas, petite sournoise ? Mais tu as beau faire, tu ne parviendras pas à me tromper ; je suis un trop vieux renard, fillette, pour, me laisser prendre à tes ruses d’enfant gâtée.

— Vous êtes méchant, mon père, répondit-elle avec une moue mutine, vous interprétez toujours en mal ce que je vous dis.

— Voyez-vous cela, señorita ! Allons, ne te fâche pas, je t’apporte de bonnes nouvelles.

— Bien vrai ? s’écria-t-elle en joignant les mains avec joie.

— Douterais-tu de ma parole ?

— Oh ! non, mon père.

— À la bonne heure, maintenant assieds-toi là auprès de moi, et écoute.

— Parlez, parlez, mon père ! s’écria-t-elle toute joyeuse, en s’asseyant à la place que lui indiquait le chasseur.

— Tu t’intéresses donc bien au capitaine Melendez, mon enfant ?

— Moi ! mon père, s’écria-t-elle avec un mouvement de surprise.

— Dame ! il me semble que pour avoir risqué une démarche comme celle que tu as faite, il faut porter aux gens un vif intérêt.

La jeune fille devint sérieuse.