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laquelle le général se penchait souvent dans sa promenade agitée.

Le galop d’un cheval, d’abord éloigné, mais qui se rapprocha rapidement, se fit entendre. La sentinelle placée en dehors de la tente cria : Qui vive ? Le cavalier s’arrêta, sauta à terre, puis au bout d’une minute le rideau de la tente s’écarta et un homme parut.

Cet homme était le capitaine don Juan Melendez.

— Enfin, vous voilà ! s’écria le général, dont les traits s’éclaircirent.

Mais, en voyant l’expression de tristesse répandue sur les traits de l’officier, le général, qui avait fait deux pas vers lui, s’arrêta, et sa physionomie redevint subitement inquiète.

— Oh ! oh ! fit-il, que se passe-t-il donc ? Capitaine, serait-il arrivé malheur à la conducta ?

L’officier baissa la tête sans répondre.

— Que signifie cela, caballero, reprit le général avec colère ; seriez-vous devenu muet par hasard ?

Le capitaine fit un effort sur lui-même.

— Non, général, répondit-il.

— La conducta, où est la conducta ? reprit-il avec violence.

— Prise ! répondit don Juan d’une voix sourde.

— Vive Dios ! exclama le général en lui lançant un coup d’œil terrible et en frappant du pied avec colère, la conducta est prise et vous vivez pour venir me l’apprendre ?

— Je n’ai pu me faire tuer.

— Je crois même, Dieu me pardonne, dit avec ironie le général, que vous n’avez pas même reçu une égratignure.