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ou plus avares, n’avaient pas reculé, dans plusieurs circonstances. Vieux soldat de la guerre de l’indépendance, ancien partisan, don José-Maria connaissait à fond toutes les ruses des guerillas et était bien l’homme qu’il fallait pour lutter avec avantage contre les adversaires qu’il avait à combattre.

Malheureusement ce choix venait bien tard.

Cependant le général, tout en comprenant parfaitement l’immense responsabilité qu’il assumait sur lui, ne se rebuta pas et accepta sans murmurer la rude tâche qu’on lui imposait.

Certains hommes ont l’incontestable privilége d’être né pour les positions qu’ils occupent ; leur intelligence semble s’agrandir avec la situation : faits pour les grandes choses, ils s’élèvent à mesure et restent toujours au niveau des événements quels qu’ils soient.

Le général avait cette faculté précieuse ; du premier coup d’œil il jugea ses ennemis avec ce sang-froid des vieux soldats qui les rend si forts, et son plan fut élaboré en quelques minutes.

Il changea immédiatement la tactique suivie jusqu’alors par ses prédécesseurs et adopta un système diamétralement opposé au leur.

Au lieu de fatiguer ses soldats par des courses sans but et sans résultats probables, il se saisit des positions les plus fortes, dissémina ses troupes dans des cantonnements assez étendus, sans cependant être trop éloignés, de façon à ce que tous les détachements pussent s’appuyer les uns sur les autres, en cas d’attaque, et que, s’il le fallait absolument, l’armée entière se trouvât réunie autour de lui en moins de vingt-quatre heures.