Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/73

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bornant à constater ce qui est. Il existe, il est vrai, quelques officiers de mérite, quelques hommes réellement honorables dans cette malheureuse armée ; mais ce sont des perles perdues dans la fange, et le nombre en est tellement restreint qu’en les citant tous par leurs noms nous n’arriverions pas à compléter la centaine. Ceci est d’autant plus triste que, plus le Mexique va, plus il approche de la catastrophe et que bientôt le mal qui mine ce beau pays sera sans remède, et il sombrera pour toujours, non sous les coups des étrangers, mais assassiné par ses propres enfants.

Le général don José-Maria Rubio ne sortait en aucune façon de la foule des officiers mexicains, seulement il possédait sur ceux qui l’entouraient l’immense avantage d’être un vieux soldat de la guerre de l’indépendance ; chez lui l’expérience suppléait amplement à ce qui lui manquait du côté de l’instruction.

Son histoire était simple, la voici en quelques mots :

Fils d’un evangelista ou écrivain public de Tampico, il avait à grand’peine appris un peu à lire et à écrire sous les auspices de son père ; cette teinte d’éducation, toute légère qu’elle fût, devait plus tard lui être d’une grande utilité.

Le grand soulèvement dont le célèbre curé Hidalgo fut le promoteur, soulèvement qui inaugura la révolution, trouva le jeune José-Maria errant aux environs de Tampico, où il faisait pour vivre les métiers les plus impossibles. Le jeune homme, un peu muletier, un peu pêcheur et beaucoup contrebandier, enivré par l’odeur de la poudre, fasciné par