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Et il ajouta d’une voix basse et inintelligible pour ses auditeurs : — Je l’ai juré.

— C’est dommage, reprit Ruperto ; je suis certain que la pendaison d’un capitaine mexicain aurait produit un bon effet dans le pays.

Le Jaguar fit un geste.

— C’est bon, c’est bon, continua l’aventurier, cela vous déplaît, n’en parlons plus. C’est égal, c’est une drôle d’idée que vous avez là.

— Assez ! dit le jeune homme, j’ai ordonné.

— Cela suffit, pardieu ! Ne vous fâchez pas, capitaine, on vous obéira.

Et Ruperto s’éloigna en grommelant dans sa moustache, pour aller voir comment se trouvait le blessé confié à ses soins, et dont, c’est une justice à rendre au digne homme, il ne s’était jusqu’à ce moment que fort médiocrement occupé.

En approchant de l’endroit où l’on avait déposé le capitaine, il ne put retenir un cri de surprise.

— Ah bien ! fit-il, voilà un gaillard qui peut se vanter d’avoir la vie dure, par exemple.

Soit par la fraîcheur de l’air du matin, soit pour toute autre cause, le capitaine avait repris connaissance, il était assez remis déjà et se tenait assis au pied d’un arbre.

— Eh ! eh ! dit l’aventurier en approchant, il paraît que ça va mieux, hein ?

— Oui, répondit laconiquement l’officier.

— Allons, tant mieux, je vois que vous serez bientôt guéri ; c’est égal, vous pouvez vous flatter d’avoir joliment l’âme chevillée dans le corps, tout de même, caramba ! vous revenez de loin !

— Où suis-je ?