Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/412

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
404
LES FRANCS TIREURS

cement cernent le colonel : j’aurais été si heureux de vous voir constamment auprès de moi !

— Merci, ami ! mais vous le savez, c’est impossible. Profitons donc de quelques instants qu’il nous reste à être ensemble. Eh bien ! qu’avez-vous fait ?

— Rien, hélas ! un soldat est esclave de la discipline ; en temps de guerre, surtout, il lui est impossible de s’éloigner de son corps : je n’ai donc pu prendre aucun renseignement. Et vous, avez-vous été plus heureux ?

— Je n’ose encore en répondre ; cependant j’espère. Tranquille doit, cette nuit même, me compléter certains renseignements que je suis parvenu à obtenir.

— Et ce Tranquille est ici ?

— Il est arrivé aujourd’hui même, mais je n’ai pas encore pu le voir.

— Ainsi vous croyez ? dit vivement le colonel.

— Voici ce que je suis parvenu à savoir. Remarquez que je n’affirme rien ; je ne suis en ce moment que l’écho de bruits peut-être fondés, mais qui peuvent aussi être faux.

— C’est égal : parlez, mon ami, au nom du ciel !

— Il y a un mois et demi environ, d’après ce que mes espions m’ont appris, qu’un homme inconnu est arrivé dans ce pays amenant une jeune fille. Cet homme a acheté un rancho de peu d’importance situé à quelques lieues d’ici, presque sur le bord de la mer ; il a payé argent comptant son acquisition, s’est renfermé dans son rancho avec la jeune fille, et, depuis, personne ne les a vus : l’homme s’est,