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puis si longtemps, nous luttons avec tant de dévouement et d’abnégation, Dieu aura fait un miracle en faveur de notre chef ; nous le verrons reparaître parmi nous sain et sauf ! Mais quoi qu’il arrive, si cette dernière espérance doit nous être enlevée, au moins nous n’aurons pas abandonné lâchement, sans avoir essayé de le sauver, celui qui vingt fois a bravé la mort pour chacun de nous. Quant à moi, je jure, par ce qu’il y a de plus sacré au monde, que je n’abandonnerai pas ce lieu sans m’être au préalable assuré, soit que le Jaguar est réellement mort, soit qu’il existe encore.

À ces paroles un frémissement d’assentiment parcourut les rangs des assistants.

John Davis continua :

— Qui sait, dit-il, si notre malheureux chef n’est pas étendu brisé, mais respirant encore, au fond de cet abîme maudit et s’il ne nous reproche pas un lâche abandon !

Les rôdeurs de frontières se récrièrent en protestant, avec les plus énergiques serments, qu’ils voulaient retrouver leur chef mort ou vif.

— Bien, mes amis ! s’écria l’Américain, si malheureusement il est mort, eh bien ! nous rendrons son corps à la terre et nous soustrairons ses restes, qui nous sont chers à tant de titres, aux insultes des bêtes fauves ; mais, je vous le répète, un de ces pressentiments qui ne trompent jamais parce qu’ils viennent de Dieu, me dit qu’il vit encore.

— Le ciel vous entende, John Davis, s’écrièrent les rôdeurs, et qu’il nous rende notre chef.

— Je vais descendre dans le précipice, dit l’Américain, je sonderai ses plus secrets repaires, et avant