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LES FRANCS TIREURS.

l’âme simple, au cœur de lion, pieusement agenouillés sur cette plage déserte par la nuit noire, pendant que la tempête faisait rage autour d’eux, se préparant par la prière au sacrifice de leur vie, seuls dans les ténèbres, sans le prestige éclatant d’un beau soleil et de milliers de spectateurs, contraints à faire le sacrifice de leur vie, sacrifice ignoré de tous et dont la récompense ne devait jamais se trouver sur la terre.

La prière achevée, tous se relevèrent d’un bond ; ils se sentaient plus forts : Dieu était désormais avec eux, qu’avaient-ils à redouter ? Ils en avaient fait leur complice !

Le Jaguar se leva le dernier ; son front rayonnait, une ardeur fébrile faisait étinceler ses yeux ; il croyait au succès de son entreprise. Après s’être assuré que tous ses compagnons étaient prêts :

— Le poignard aux dents, commanda-t-il, Dieu nous protège. En avant, frères, et vive la liberté !

— Vive la liberté ! s’écrièrent les conjurés.

Un bruit sourd se fit entendre, ils avaient tous sauté dans la mer d’un seul bond.



XXII

LA SURPRISE.


Le Jaguar avait dit vrai, la tâche entreprise par les conjurés était rude.

Serrés les uns contre les autres, les Texiens s’avançaient en ligne droite dans la direction du fort que