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— Dois-je partir tout de suite ?

— Oui.

— Vous n’avez pas d’autres ordres à me donner ?

— Non.

— Alors, adieu.

— Mon père veut dire au revoir, fit l’Apache en ricanant.

Fray Antonio ne répondit pas, il poussa un profond soupir et s’éloigna dans la direction du feu.

Plus il approchait du campement, plus il lui paraissait difficile d’accomplir la sinistre mission dont le chef apache l’avait chargé ; deux ou trois fois, la pensée de fuir traversa son esprit, mais où serait-il allé ? et puis il était probable que les Indiens n’avaient en lui qu’une médiocre confiance et le surveillaient attentivement dans l’ombre.

Enfin le campement apparut aux yeux effarés du moine ; il n’y avait plus à reculer, car les chasseurs l’avaient sans doute aperçu, il se décida à pousser en avant en murmurant avec désespoir :

— À la grâce de Dieu !



III

DANS LE PRÉCIPICE.


Le romancier a sur l’historien un incontestable avantage. N’étant pas obligé de s’astreindre aux vues d’ensemble et aux documents historiques, il s’appuie principalement sur la tradition et se plaît aux détails mêlés à la vie privée que dédaigne la froide et méticuleuse histoire, contrainte de ne consigner que les