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son ami le Renard-Bleu désire lui parler, je lui indiquerai où vous êtes, et…

— La pie est un oiseau bavard et sans cervelle qui jacasse comme une vieille femme, interrompit rudement le chef, mon père ne dira rien.

— Ah ! fit le moine tout interloqué.

— Que mon père prenne garde de faire ce que je lui ordonne, s’il ne veut pas que sa chevelure sèche à la lance d’un chef.

Fray Antonio frissonna à cette menace.

— Je vous jure, chef, fit-il.

— Un homme ne jure pas, interrompit brutalement l’Indien ; il dit oui ou non. Lorsque mon père sera dans le camp des Visages-Pâles, il ne parlera pas des Apaches ; seulement, lorsque les chasseurs pâles dormiront, mon père sortira du camp, et il viendra avertir le Renard-Bleu.

— Mais où vous trouverai-je ? demanda piteusement le moine, qui comprenait enfin qu’il était destiné à servir d’espion aux sauvages pour quelqu’une de leurs diaboliques machinations.

— Que mon père ne s’inquiète pas de cela, je saurai le trouver, moi.

— Bien.

— Mon père a compris ?

— Oui.

— Il fera ce que désire le chef ?

— Je le ferai.

— C’est bon. Si mon père est fidèle, le Renard-Bleu lui donnera plein une peau de bison de poudre d’or ; sinon, qu’il ne croie pas échapper au chef : les Apaches sont rusés, la chevelure du chef de la prière ornera la lance d’un sachem, j’ai dit :