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La course fut longue ; le soleil était couché déjà depuis deux heures au moins, et les Apaches galopaient toujours.

Enfin, à un signe du chef, on fit halte.

Le Renard-Bleu s’approcha alors du moine, et le menant un peu à l’écart :

— Nous nous séparons ici, lui dit-il, il ne serait pas prudent aux Apaches d’aller plus loin ; mon père continuera seul.

— Moi ? fit le moine ébouriffé ; vous plaisantez, chef, je préfère demeurer avec vous.

— Cela ne se peut pas, dit l’Indien d’un ton péremptoire.

— Où diable voulez-vous que j’aille à cette heure et par ces ténèbres ?

— Que mon père regarde, reprit le chef en étendant le bras dans la direction du sud-ouest. Voit-il cette lueur rougeâtre qui s’élève à peine au-dessus de l’horizon ?

Fray Antonio fixa attentivement ses regards dans la direction indiquée.

— Oui, dit-il au bout d’un instant, je la vois.

— Très-bon ; cette lueur est produite par la flamme du feu d’un campement de Visages-Pâles.

— Ah !

— Mon père n’a qu’à laisser aller son cheval, il le guidera. Dans ce campement se trouve le tueur de tigres.

— Oh ! oh ! vous en êtes sûr ?

— Oui ; que mon père écoute : les Visages-Pâles recevront bien mon père.

— Je comprends : alors je dirai à Tranquille que