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couleurs, n’étaient pas aussi méchants qu’on le disait, qu’ils avaient beaucoup de bon, et il n’était pas loin de supposer qu’on les avait indignement calomniés à ses yeux.

En effet, leurs façons hospitalières ne s’étaient pas un instant démenties à son égard ; au contraire, ils avaient semblé s’étudier à être avec lui d’une convenance parfaite.

Ils marchèrent ainsi pendant plusieurs heures à travers les sentiers tracés par les bêtes fauves, contraints, à cause du peu de largeur du chemin, de s’avancer en file indienne, c’est-à-dire les uns derrière les autres ; seulement le moine remarqua l’affectation avec laquelle le chef se tenait toujours auprès de lui ; mais, vu l’entretien qu’ils avaient eu ensemble le matin, cela ne l’inquiéta nullement.

Un peu avant midi, la troupe fit halte sur les bords d’une petite rivière dont les rives étaient ombragées de grands arbres, afin de laisser passer la plus forte chaleur du jour.

Le moine replet et pansu ne fut pas fâché de ce temps d’arrêt, qui lui permit de prendre un peu de repos en s’étendant à l’ombre.

Pendant la halte, le Renard-Bleu ne lui adressa pas la parole ; le moine, de son côté, ne fit rien pour entamer la conversation, préférant de beaucoup faire la siesta à causer avec le chef.

Vers quatre heures du soir, la troupe remonta à cheval et repartit ; mais cette fois, au lieu de marcher au pas, les guerriers s’élancèrent au galop.

Les Indiens ne connaissent, du reste, que ces deux allures ; ils trouvent le trot absurde, et nous avouons être un peu de leur avis.