Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/33

Cette page a été validée par deux contributeurs.

prises au-dessus de sa tête en s’écriant d’une voix forte :

— Nyang ! génie du mal, esprit révolté contre le maître de la vie, nous bravons et nous méprisons ton pouvoir, car le Wacondah nous protége !

Tous les assistants poussèrent un grand cri et se relevèrent.

La prière du matin était dite, les rites accomplis, chacun commença à vaquer à ses occupations journalières.

Fray Antonio avait assisté avec un étonnement extrême à cette sainte et touchante cérémonie, dont cependant les détails lui avaient échappé ; car les paroles prononcées par le chef l’avaient été dans le dialecte de sa nation, et par conséquent avaient été incompréhensibles pour le moine ; cependant il avait éprouvé une certaine joie en reconnaissant que ces hommes, qu’il considérait comme des barbares, n’étaient pas complètement dénués de bons sentiments et de croyances religieuses.

Les feux mourants du campement furent ravivés afin de préparer le repas du matin, tandis que des éclaireurs partaient dans toutes les directions, pour s’assurer que la route était libre et qu’il n’y avait nul ennemi aux aguets.

Le moine, complétement rassuré maintenant et commençant à se faire parfaitement à sa nouvelle position, mangea de bon appétit les vivres qu’on lui offrait, et ne fit aucune difficulté pour monter sur le cheval qu’on lui désigna lorsque le chef, dès que le repas fut terminé, eut donné le signal du départ.

Fray Antonio commençait à trouver que les sauvages, qu’on lui avait représentés sous de si sombres