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LES FRANCS TIREURS.

— Et d’abord, afin de procéder par ordre et de vous prouver que je suis bien instruit de tout ce qui vous concerne, dit-il en appuyant avec affectation sur les mots, je commencerai par vous dire votre nom.

— En effet, général, c’est par là que vous auriez dû commencer, dit insoucieusement le jeune homme.

— Vous êtes, continua tranquillement le général, le chef fameux que les insurgés et les Francs Tireurs ont surnommé le Jaguar.

— Ah ! ah ! fit-il avec ironie, vous savez cela, seigneur gouverneur ?

— El bien d’autres choses encore, comme vous allez voir.

— Voyons, dit-il en se renversant en arrière avec la gracieuse négligence d’un ami en visite.

— Après avoir donné une forte organisation à la révolte sur la frontière indienne en vous emparant de l’hacienda del Mezquite et en vous alliant à certaines tribus comanches et apaches, vous avez compris qu’il vous fallait, pour réussir, cesser la guerre d’embuscade, que depuis si longtemps, je dois l’avouer, vous faisiez avec un certain succès.

— Merci, dit le Jaguar en s’inclinant avec ironie.

— Vous avez donc laissé provisoirement le commandement de vos bandes à un de vos compagnons, et vous êtes venu dans le cœur du Texas avec vos plus fidèles associés, afin de révolutionner les côtes et de frapper un grand coup en vous emparant d’un port de mer. Galveston, par sa position à l’entrée du fleuve Trinidad, est un point stratégique de la dernière importance pour vos projets. Depuis deux