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Le moine fut sur le point de répondre qu’il l’ignorait, et qu’il se souciait fort peu de l’apprendre, mais un instant de réflexion lui fit comprendre toute l’inconvenance d’une semblable réponse envers un homme aussi irritable que celui avec lequel il causait.

— Les frères du chef ont été ingrats envers lui, répondit-il avec un intérêt hypocrite, et le sachem les a abandonnés en secouant ses mocksens à l’entrée de leurs villages.

Le chef secoua négativement la tête.

— Non, répondit-il, les frères du Renard-Bleu l’aimaient, ils pleurent encore son absence, mais le chef était triste, un ami l’avait abandonné, et avec lui il avait emporté son cœur.

— Ah ! fit le moine qui ne comprenait pas du tout.

— Oui, reprit l’Indien, le Renard-Bleu ne pouvait supporter l’absence de son ami, il abandonna ses frères pour le suivre.

— C’est un beau dévouement, chef. Vous avez retrouvé cet ami sans doute.

— Longtemps le Renard l’a cherché sans parvenir à obtenir de ses nouvelles, enfin un jour il l’a revu.

— Bon, et maintenant vous êtes réunis ?

— Mon père ne comprend pas, dit sèchement l’Indien.

Le fait était strictement vrai, le moine ne comprenait absolument rien à ce qu’il plaisait à l’Indien de lui débiter, d’autant plus que ce récit obscur ne l’intéressait que fort médiocrement et que pendant que l’Apache parlait, il s’occupait de chercher dans son