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LES FRANCS TIREURS


XIV

LA PROPOSITION.


La même nuit, presque à la même heure, le Jaguar, retiré au fond de sa tente, assis sur un modeste équipal en bois de chêne à peine dégrossi, le coude appuyé sur une table et la tête dans la main, lisait, à la lueur d’un modeste candil qui ne jetait qu’une lueur douteuse, des dépêches importantes qu’il avait reçues dans la soirée.

Absorbé par sa lecture, le jeune commandant des insurgés ne prêtait aucune attention au bruit du dehors, lorsque tout à coup un courant d’air assez vif agita la flamme de la mèche, et l’ombre d’un homme se dessina en noir sur la toile de sa tente.

Le jeune homme contrarié d’être dérangé dans sa lecture, releva la tête avec humeur et regarda du côté de l’entrée de sa tente avec un froncement de sourcils qui ne promettait rien d’agréable à son malencontreux interrupteur.

Mais à la vue de l’homme qui se tenait sur le seuil appuyé sur un long rifle, en fixant sur lui deux yeux brillants comme des escarboucles, le Jaguar contint avec peine un cri de surprise et fit un mouvement pour saisir les pistolets placés à portée de sa main sur la table.

Cet homme que nous avons déjà eu l’occasion de présenter au lecteur dans une circonstance assez grave, n’avait, nous devons l’avouer, dans son aspect rien qui prévînt beaucoup en sa faveur.