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LES FRANCS TIREURS

devant eux, paraissait plongée dans la plus complète solitude ; tout était calme, immobile, aucun bruit insolite ne troublait le silence.

— Arrêtons-nous ici, dit fray Antonio, il y aurait imprudence de notre part à nous avancer davantage sans nous annoncer, bien que probablement le chasseur nous ait déjà reconnus, car vous voyez, chef, qu’il n’a pas fait le moindre mouvement.

— C’est vrai, cependant mieux vaut le prévenir, répondit celui-ci.

Ils s’arrêtèrent.

Ils n’étaient plus éloignés que d’une vingtaine de pas du couvert.

Fray Antonio plaça ses mains en entonnoir de chaque côté de la bouche, et donnant à sa voix la plus grande étendue :

— Ohé ! Tranquille, cria-t-il, est-ce vous ?

— Qui m’appelle ? répondit immédiatement celui-ci.

— Moi, fray Antonio, je suis accompagné de la personne que vous attendez.

— Avancez, sans crainte, reprit Tranquille, ceux qui me cherchent sans arrière-pensée de trahison n’ont rien à redouter de moi.

Le moine se tourna vers le chef apache.

— Que ferons-nous ? lui demanda-t-il.

— Avançons, répondit laconiquement celui-ci.

La distance qui le séparait du chasseur fut rapidement franchie.

Le Mexicain, s’improvisant chef de cérémonie, présenta les deux hommes l’un à l’autre.

Le sachem jeta un regard investigateur autour de lui.