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Alors il s’arrêta un instant afin de reprendre haleine ; du reste, grâce à son ingénieuse idée, fray Antonio se trouvait déjà à près de dix pieds de terre. Il est vrai qu’un animal quelconque aurait facilement renversé cet obstacle ; mais malgré cela, ce commencement de réussite ranima le courage du moine, d’autant plus qu’en levant les yeux il aperçut, à une faible distance au-dessus de lui, la bienheureuse branche vers laquelle depuis si longtemps il tendait vainement les bras.

— Allons, dit-il d’un ton d’espoir.

Il embrassa de nouveau l’arbre et recommença sa pénible escalade. Soit hasard, soit adresse, après des efforts immenses le père Antonio parvint enfin à saisir la branche avec les deux mains et à s’y cramponner de toutes ses forces.

Le reste n’était plus rien. Le moine rassembla par un suprême effort toute la vigueur que lui avaient laissée ses précédents essais, et s’élançant et s’élevant à la force des bras, il essaya de se mettre à califourchon sur la branche. Déjà, grâce à son énergique persistance, sa tête et ses épaules étaient parvenues à dépasser la branche, lorsque tout à coup il sentit une main ou une griffe se crisper sur sa jambe droite et la lui serrer comme dans un étau.

Un frisson de terreur agita le corps du moine ; son sang se figea dans ses veines ; une sueur glacée perla à ses tempes et ses dents claquèrent à se briser.

— Miséricorde ! s’écria-t-il d’une voix étranglée, je suis mort. Jésus, Maria, ayez pitié de moi !

Ses forces paralysées par la terreur l’abandonnèrent ; ses mains lâchèrent la branche protectrice et il tomba comme une masse au bas de l’arbre.