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LES FRANCS TIREURS.

Quelques minutes plus tard, les défenseurs de l’hacienda garnissaient le sommet des murailles et s’embusquaient derrière les retranchements extérieurs.

L’armée texienne, bien visible maintenant, se déployait en profondes colonnes dans la plaine.



XI

MÉTAMORPHOSE DE FRAY ANTONIO.


Il nous faut maintenant rétrograder de quelques jours et retourner au campement des chasseurs que nous avons laissés dans une situation assez perplexe, guettés par l’œil vigilant des Apaches et contraints de se fier provisoirement à fray Antonio, c’est-à-dire à un homme pour lequel, au fond du cœur, aucun d’eux n’éprouvait la moindre sympathie.

Cependant, s’il leur eût été possible de lire dans l’âme du moine, leur opinion sur lui aurait probablement changé complètement.

Une révolution s’était opérée dans l’esprit de cet homme, à son insu peut-être, et entraîné malgré lui par cette influence qu’exercent toujours les natures droites sur celles qui ne sont pas encore entièrement gâtées. Du reste, quelle que fût la cause du changement qui s’était presque subitement fait dans les idées du moine, nous devons constater qu’il était sincère et que fray Antonio avait réellement l’intention de servir ses nouveaux amis, quelles que dussent d’ailleurs en être pour lui les conséquences.