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poir, sans les voir couronnés de succès ; la sueur ruisselait sur son visage, sa poitrine haletait, il était dans un état à faire pitié, même à son ennemi le plus acharné.

— Jamais je ne parviendrai à monter là, murmurait-il avec tristesse, et si je reste ici, je suis un homme perdu, car avant une heure je serai infailliblement dévoré par un tigre quelconque en quête de son souper.

Cette dernière réflexion, d’une vérité incontestable, rendit une nouvelle ardeur au moine qui résolut de faire une nouvelle et suprême tentative.

Mais, cette fois, il voulut prendre toutes ses précautions ; en conséquence, il se mit à ramasser le bois mort épars autour de lui et à l’empiler au pied de l’arbre, de façon à se former un marchepied assez élevé pour lui permettre d’atteindre, sans trop de peine, une branche assez basse sur laquelle, à la rigueur, en ayant le soin de demeurer éveillé, il pouvait espérer de passer la nuit assez tranquillement et sans crainte d’être dévoré, alternative pour laquelle le digne moine n’avait pas la moindre vocation.

Bientôt, grâce à la vivacité avec laquelle il avait procédé, fray Antonio vit un amas considérable de bois empilé au pied de l’arbre.

Un sourire de satisfaction éclaira sa large face, et il respira en essuyant la sueur qui inondait son visage.

— Cette fois, murmura-t-il en calculant d’un coup d’œil l’espace qu’il avait à parcourir, si je ne réussis pas je serai bien maladroit.

Cependant les dernières lueurs du soir, si utiles