Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/114

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dera en même temps les intérêts et l’honneur de la nation.

— Mon frère est jeune, mais la sagesse parle par sa bouche. C’est le Wacondah qui souffle à sa poitrine les paroles que ses lèvres prononcent ; tous les chefs ont pour lui le respect qu’il mérite.

Le jeune homme secoua la tête comme s’il protestait contre une telle marque de déférence.

— Puisque vous l’exigez, dit-il, je parlerai ; je ne donnerai mon avis qu’après ce chasseur qui, mieux que moi, connaît le désert.

— Ooah ! fit le Cerf-Noir, le chasseur pâle est sage, ses avis doivent être bons, un chef l’écoute.

Mis ainsi en demeure de s’expliquer, Tranquille fut contraint, malgré lui, de prendre part à la discussion ; il ne se souciait point d’assumer sur lui la responsabilité du lourd fardeau dont le Cœur-Loyal cherchait à se décharger. Cependant il était trop l’homme du désert pour se refuser à émettre un avis dans un conseil, surtout sur une question aussi importante. Après avoir réfléchi quelques instants, il se décida à prendre enfin la parole.

— Les Comanches sont les guerriers les plus redoutables de la prairie, dit-il, nul ne doit essayer d’envahir leurs territoires de chasse ; qu’ils fassent la guerre aux Apaches, qui sont des voleurs vagabonds et sans courage, ils ont raison, c’est leur droit ; mais à quoi bon iraient-ils se mêler aux querelles des Faces-Pâles ? Grands-Couteaux ou Yorris, les blancs ont toujours, dans tous les temps et dans toutes les circonstances, été les ennemis acharnés des Peaux-Rouges, les tuant partout où