Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/112

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pendant cette cérémonie indispensable à tout conseil indien, les trois hommes gardèrent un religieux silence.

Lorsque le calumet fut éteint, le chef vida la cendre dans le brasier en murmurant quelques paroles inintelligibles, mais qui probablement étaient une invocation au Grand-Esprit ; il replaça le calumet à sa ceinture et après s’être recueilli pendant quelques instants, il se leva enfin et prit la parole :

— Cœur-Loyal, dit-il, vous avez quitté la ville des fleurs pour suivre le sentier de la chasse à l’endit-ha[1] du troisième soleil de l’inaqui-quisis[2], trente soleils se sont succédé depuis cette époque, nous sommes à peine au commencement du bina-hamo-quisis[3] ; eh bien ! pendant un laps de temps aussi court, bien des choses se sont succédé qui réclament votre présence immédiate dans la tribu dont vous êtes un des fils adoptifs. La hache de guerre si profondément enterrée depuis dix lunes, entre les Comanches des prairies et les Apaches-Bisons, a subitement été déterrée en grand conseil, et les Apaches se préparent à suivre le sentier de la guerre sous les ordres des chefs les plus sages et les plus expérimentés de la nation. Vous dirai-je les nouvelles insultes que les Apaches ont osé faire à vos pères comanches ? À quoi bon ! votre cœur est fort, vous obéirez aux ordres de vos pères et vous combattrez pour eux.

Le Cœur-Loyal inclina affirmativement la tête.

  1. Le lever du soleil.
  2. Lune au mois des feuilles tombantes (septembre).
  3. Lune du gibier qui passe (octobre).