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s’éleva harmonieuse et sonore dans le silence.

Tranquille s’arrêta avec un geste de surprise.

Cette voix chantait une mélodie indienne, dont voici les premiers vers :

Nubim nitcha, umadea taneschtupa, evarenrinatro, quin ha besarimatschacua, cana numamune, tapitschaco maneschtupa, edaïre menadii cana…[1].

— Oh ! murmura le chasseur avec un tressaillement nerveux, je connais cette chanson, c’est le chant des fiancés des Pawnées-Serpents ! Comment se fait-il que si loin de leurs territoires de chasse, ces paroles viennent frapper mon oreille ? Un détachement Pawnée rôderait-il donc aux environs ? Oh ! cela est impossible ! Voyons quel est ce chanteur qui s’est éveillé avec le soleil !

Sans plus hésiter, le chasseur s’avança alors à grands pas vers le fourré du milieu duquel la mélodie s’était fait entendre.

Mais au moment où il allait s’engager dans les broussailles, elles s’écartèrent brusquement, rejetées à droite et à gauche par deux mains vigoureuses, et deux Peaux-Rouges apparurent aux regards étonnés du Canadien, et entrèrent dans la clairière.

Arrivés à dix pas du chasseur, les Peaux-Rouges s’arrêtèrent, étendirent les bras en avant, les mains ouvertes et les doigts écartés, en signe de paix ;

  1. Voici la traduction littérale de ce chant en langue Pawnée :

    Je te confie mon cœur au nom du Tout-Puissant,
    Je suis malheureux et personne n’a pitié de moi !
    Cependant Dieu est grand pour moi !

    G. A. (Note de l’auteur.)