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étaient venus rompre la placidité de la vie à laquelle, depuis quelques années, il s’était tout doucement accoutumé.

Les heures s’écoulèrent les unes après les autres sans que le chasseur, plongé dans ses réflexions, sentît le sommeil alourdir ses paupières.

Les étoiles commençaient à s’éteindre, l’horizon se nuançait de bandes plus pâles, la brise devenait plus piquante et plus froide : tout présageait, enfin, le lever prochain du soleil, lorsque tout à coup un bruit faible, ressemblant à celui produit par le bris d’une branche sèche frappa l’oreille exercée du chasseur et le fit tressaillir.

Le Canadien, sans bouger de place, releva la tête et écouta, tout en posant doucement la main sur son rifle placé auprès de lui.




VII

UN ANCIEN AMI.


Tranquille était un trop vieux et trop rusé coureur des bois, pour se laisser surprendre. Les yeux opiniâtrement fixé vers l’endroit où s’était produit le bruit qui lui avait donné l’éveil, il cherchait à percer les ténèbres et à distinguer un mouvement quelconque dans les broussailles qui lui permît de former des conjectures probables sur les visiteurs qui lui arrivaient.

Pendant un assez long espace de temps, le bruit qu’il avait entendu ne se renouvela pas, le désert était retombé dans le silence.