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possède dans la province de Valdivia de grands biens que je compte moi-même aller bientôt visiter. Qui vous empêche d’aller de ce côté plutôt que d’un autre ?

— Rien absolument.

— J’ai en ce moment besoin d’un homme sûr pour le charger d’une mission importante en Araucanie auprès du principal chef du peuple de ce pays. Si vous vous rendez dans la province de Valdivia, vous serez obligé de traverser l’Araucanie dans toute sa longueur, voulez-vous être l’homme que je cherche et remplir cette mission ? cela ne vous dérangera nullement.

— Pourquoi pas ? dit Valentin, je n’ai jamais vu de sauvages, je ne serai pas fâché de savoir à quoi m’en tenir sur leur compte.

— Eh bien ! voilà qui est convenu, c’est demain que vous partez, n’est-ce pas ?

— Demain ? permettez, aujourd’hui, dans quelques heures, car le soleil ne tardera pas à se lever.

— C’est juste ; eh bien ! au moment de votre départ le majordome vous remettra de ma part vos instructions par écrit.

— Caramba ! fit Valentin en riant, me voilà métamorphosé en ambassadeur.

— Ne plaisantez pas, mon ami, fit sérieusement don Tadeo, la mission que je vous confie est délicate, périlleuse, je ne vous le cache pas ; si l’on vous surprenait les papiers dont vous serez porteur, vous seriez exposé à de grands dangers… voulez-vous toujours être mon émissaire ?

— Pardieu ! dès qu’il y a du danger, il y a du plaisir ; et comment se nomme celui auquel je dois remettre ces dépêches ?

— Elles sont de deux sortes, les dernières ne regardent que vous ; pendant le cours de votre voyage vous en prendrez connaissance, elles vous instruiront sur certaines choses qu’il est important que vous sachiez pour le succès de votre mission.

— Je comprends, et les autres ?

— Les autres doivent être remises en mains propres à Antinahuel, c’est-à-dire le Tigre Soleil.

— Drôle de nom ! fit Valentin en riant, et où rencontrerai-je ce monsieur qui se fait appeler d’une façon aussi formidable ?

— Ma foi ! vous m’en demandez trop, mon ami, répondit don Tadeo, je ne le sais pas plus que vous.

— Les Indiens Araucans, interrompit don Gregorio, sont un peuple un peu nomade, il est souvent difficile chez eux de trouver ceux que l’on cherche.

— Bah ! je le trouverai, soyez tranquille.

— Dans quelques jours, ainsi que je vous l’ai annoncé, je pars moi-même pour placer dans un couvent de Valdivia, la jeune dame que vous avez si bravement sauvée ; c’est donc à Valdivia que j’attendrai votre réponse.

— Pardon, mais je ne sais pas du tout où se trouve Valdivia, moi, observa Valentin.

— Ne vous en inquiétez pas, tout le monde vous enseignera la route, répondit don Gregorio.

— Merci.