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Accablés par le nombre, les assiégés furent obligés de reculer.

— Dieu m’est témoin, dit-il en secouant la tête, que le plus ardent de mes désirs serait de rester ici.

— Oui, interrompit le comte, en jetant malgré lui un regard à la dérobée sur doña Rosario qui semblait ne s’occuper nullement de ce qui se disait, oui, nous ne nous sommes que trop longtemps oubliés dans votre charmante retraite ; cette vie délicieuse nous énerve : si nous ne nous hâtions de nous en arracher, il nous deviendrait bientôt impossible de le faire.

— Il faut que vous partiez ? répéta don Tadeo dont le visage se rembrunit et les sourcils se froncèrent ; pourquoi cela ?

— Ne savez-vous pas, répondit Louis qui reprenait courage devant l’insouciance apparente de la jeune fille, que lorsque pour la première fois nous avons eu le bonheur de vous rencontrer…

— Bonheur pour moi, interrompit vivement don Tadeo.

— Soit, continua Valentin venant en aide à son ami… nous étions à la recherche de la fortune ; eh bien ! fit-il gaiement, maintenant que, grâce a Dieu, notre secours ne vous est plus nécessaire, nous ne voulons pas abuser plus longtemps de la gracieuse hospitalité que vous nous avez donnée…

— Qu’est-ce à dire ? s’écria don Tadeo en se levant ; qu’appelez-vous abuser de mon hospitalité ? pourquoi prendre avec moi d’aussi futiles prétextes ?

— Il faut que nous partions, répéta froidement le jeune homme.

— Oh ! je ne puis croire que ce soit la soif de l’or qui vous pousse à me quitter. Votre cœur est trop haut placé pour que cette odieuse passion s’en