Page:Aimard - Le Grand Chef des Aucas, 1889.djvu/495

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

balles, derrière un pan de rocher qui formait une excavation assez profonde pour qu’une personne pût s’y tenir sans être trop mal à l’aise. Ce devoir rempli, il prit son poste auprès de ses compagnons, en avant de la barricade.


Valentin crut un instant que son chien s’était trompé.

Un radeau, monté par sept ou huit Indiens, drossé avec violence par le courant, vint tout à coup choquer contre le rocher.

Les Indiens poussèrent leur cri de guerre et s’élancèrent en brandissant leurs armes, mais les trois hommes auxquels la Linda avait absolument voulu se joindre se jetèrent sur eux, et avant qu’ils eussent pu reprendre leur aplomb, dérangé par la rapidité avec laquelle ils abordaient, ils les assommèrent à coups de crosse de fusil et rejetèrent leurs corps à la rivière.

César avait sauté à la gorge d’un Indien d’une taille colossale, qui déjà levait sa hache sur don Tadeo, et l’avait étranglé.

Mais à peine en avaient-ils fini avec ceux-là que deux autres radeaux survinrent, suivis presque immédiatement d’un troisième et d’un quatrième, portant au moins une trentaine d’hommes à eux quatre.

Un instant, la mêlée fut terrible dans cet endroit resserré où l’on combattait poitrine contre poitrine, pied contre pied ; la Linda, tremblant pour sa fille, les cheveux épars, les yeux étincelants, se défendait comme une lionne, puissamment secondée par ses trois compagnons qui faisaient des prodiges de valeur.