serait assez forte pour supporter les fatigues de la route, on l’emmènerait bien loin de l’autre côté des montagnes, dans le pays des Puelches.
— Eh bien ? demanda vivement Valentin en voyant que l’Indienne s’arrêtait.
— Hier, reprit-elle, hier elle s’est trouvée beaucoup mieux, alors les mosotones ont sellé leurs chevaux et ils sont partis avec elle vers la troisième heure du jour.
— Et, demanda Trangoil Lanec, la jeune fille n’a rien dit à ma sœur ?
— Rien, reprit tristement l’Indienne. La pauvre enfant pleurait, elle ne voulait pas partir ; mais ils la firent monter de force à cheval, en la menaçant de l’attacher si elle résistait, alors elle a obéi.
— Pauvre enfant ! dit Valentin, ils la maltraitaient, n’est-ce pas ?
— Non, ils avaient beaucoup de respect pour elle ; d’ailleurs, j’avais entendu moi-même le toqui leur ordonner, avant son départ, de la traiter doucement.
— Ainsi, reprit Trangoil Lanec, elle est partie depuis hier ?
— Depuis hier.
— De quel côté ?
— Les mosotones parlaient entre eux de la tribu du Vautour Fauve, mais je ne sais si c’est là qu’ils sont allés.
— Merci, répondit l’Ulmen, ma sœur est bonne, Pillian la récompensera ; elle peut se retirer, les hommes vont tenir conseil.
L’Indienne se leva sans se permettre une observation et elle sortit du cuarto.
— Maintenant, demanda le chef à Valentin, quelle est l’intention de mon frère ?
— Dame ! notre route est toute tracée, il me semble : suivre à la piste les ravisseurs jusqu’à ce que nous parvenions à leur enlever la jeune fille.
— Bon, c’est aussi mon avis, seulement deux hommes ne sont pas beaucoup pour accomplir un tel projet.
— C’est vrai, mais qu’y pouvons-nous faire ?
— Ne partir que ce soir.
— Pourquoi cela ?
— Parce que Curumilla, et peut-être encore d’autres amis de mon frère nous aurons rejoints.
— Vous en êtes sûr, chef ?
— J’en suis sûr.
— Bien, alors nous attendrons.
Valentin, sachant qu’il avait plusieurs heures à passer dans cet endroit, résolut de les mettre à profit : il s’étendit sur le sol, plaça une pierre sous sa tête, ferma les yeux et s’endormit.
César était venu se coucher à ses pieds, Trangoil Lanec, lui, ne dormait pas ; avec un bout de corde qu’il ramassa dans un coin de la hutte, il s’occupa à mesurer toutes les empreintes laissées sur le sol ; ensuite, il appela l’Indienne, et lui montrant les diverses empreintes, il lui demanda si elle pouvait lui désigner quelle était celle des pas de la jeune fille.