Don Miguel comprit ce qu’il désirait, il fit signe à doña Clara de s’éloigner.
Ils restèrent seuls.
— Mon frère peut parler, dit alors l’hacendero, les oreilles d’un ami sont ouvertes. — Oui, mon père est bon, répondit le chef de sa voix gutturale, il aime les Indiens ; malheureusement toutes les Faces-Pâles ne lui ressemblent pas.
— Que veut dire mon frère ? aurait-il à se plaindre de quelqu’un ?
L’Indien sourit tristement.
— Où est la justice pour les Peaux-Rouges ? dit-il ; les Indiens sont des animaux, le grand esprit ne leur a pas donné une âme comme aux Visages-Pâles, ce n’est pas un crime de les tuer !
— Voyons, chef, je vous en prie, ne parlez pas ainsi par énigme, expliquez-vous, pourquoi avez-vous quitté votre tribu ? il y a loin du Rio-San-Pedro ici.
— Mookapec est seul, sa tribu n’existe plus.
— Comment ?
— Les Visages-Pâles sont venus la nuit, comme des jaguars sans courage ; ils ont brûlé le village et massacré tous les habitants, jusqu’aux femmes et aux petits enfants.
— Oh ! c’est affreux, s’écria le ranchero avec horreur.
— Ah ! reprit le chef avec un accent d’ironie terrible, les chevelures des Peaux-Rouges se vendent cher !
— Et connaissez-vous les hommes qui ont commis ce crime atroce ?
— Mookapec les connaît, il se vengera.