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Le chef avait revêtu le grand costume de guerre des sachems de sa nation.

Ses cheveux, nattés avec une peau de crotale, étaient relevés sur le sommet de la tête ; au centre était fichée une plume d’aigle ; une blouse de calicot rayé, garnie d’une profusion de grelots, lui descendait jusqu’aux cuisses, défendues des piqûres des moustiques par des caleçons de même étoffe ; il portait des mocksens de peau de pecaris, brodés avec des perles fausses et des piquants de porc-épic ; à ses talons étaient attachées plusieurs queues de loup, signe distinctif des guerriers renommés ; ses hanches étaient serrées par une ceinture de peau d’élan, dans laquelle étaient passés son couteau, sa pipe et son sac à la médecine ; son cou était orné de colliers de griffes d’ours gris et de dents de bison ; enfin, une magnifique robe de bison blanc femelle, peinte en rouge à l’intérieur, était attachée à ses épaules et retombait derrière lui comme un manteau ; de la main droite, il tenait un éventail fait d’une seule aile d’aigle, et, de la main gauche, un rifle américain.

Il y avait quelque chose d’imposant et de singulièrement martial dans l’aspect et la tournure de ce sauvage enfant des bois.

En entrant dans le bosquet, il s’inclina avec grâce devant doña Clara et se tint ensuite immobile et muet devant don Miguel.

Le Mexicain le considéra attentivement, une expression de sombre mélancolie était répandue sur les traits du chef indien.

— Que mon frère soit le bienvenu, lui dit l’hacendero ; à quoi dois-je le plaisir de le voir ?

Le chef jeta un regard à la dérobée à la jeune fille.