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moyens plus ou moins avouables vous êtes parvenu à vous emparer de la confiance de mes associés et à vous rendre maître de nos secrets ; seulement ma ferme conviction est qu’une cause qui emploie des hommes comme vous est une cause compromise, sinon perdue ; je renonce donc à toute combinaison dans laquelle vous êtes appelé à jouer un rôle ; vos antécédents, la vie que vous menez, vous ont mis hors la loi.

— Je suis un bandit, tranchons le mot ; mais qu’importe, pourvu que vous réussissiez ? la fin ne justifie-t-elle pas les moyens ?

— Cette morale peut être la vôtre, elle ne sera jamais la mienne ; je répudie toute communion d’idées avec les hommes de votre espèce ; je ne veux vous avoir ni pour complice ni pour associé.

Le squatter lui lança un regard chargé de haine et de désappointement.

— Vous ne pouvez avoir en nous servant, continua don Miguel, qu’un but intéressé que je ne veux pas me donner la peine de deviner : un Anglo-Américain n’aidera jamais franchement un Mexicain à conquérir sa liberté ; il y perdrait trop.

— Ainsi ?

— Ainsi je renonce à tout jamais aux projets que j’avais formés. J’avais, il est vrai, rêvé de rendre à mon pays l’indépendance dont on l’a injustement déshérité ; eh bien, ce projet restera à l’état de rêve.

— C’est votre dernier mot ?

— Le dernier.

— Vous refusez ?

— Je refuse.

— Bien ; je sais maintenant ce qui me reste à faire.

— Et que ferez-vous ? Voyons, dit l’hacendero en