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Tout reposait dans le village, aucune lumière ne brillait dans les jacales ; les Indiens, fatigués des durs labeurs du jour, se reposaient pleins de confiance dans la foi jurée, ne redoutant aucune trahison.

Le Cèdre-Rouge fit halte à vingt pas de la rancheria.

Il disposa ses cavaliers de façon à envelopper le village de tous les côtés.

Lorsque chacun eut pris son poste, que les torches furent allumées, le Cèdre-Rouge poussa le redoutable cri de guerre des Apaches, et les Rangers se précipitèrent à fond de train sur le village, en poussant des hurlements horribles et en brandissant leurs torches, qu’ils jetèrent sur les jacales.

Alors il se passa une scène de carnage que la plume humaine est impuissante à décrire.

Les malheureux Indiens, surpris dans leur sommeil, se précipitaient, effarés, à demi nus, hors de leurs pauvres demeures, et étaient impitoyablement massacrés et scalpés par les Rangers, qui agitaient, avec des rires de démons, ces chevelures fumantes et dégouttantes de sang.

Femmes, enfants, vieillards, tous étaient tués avec des raffinements de barbarie.

Le village, incendié par les torches des Rangers, ne fut plus bientôt qu’un immense bûcher où s’agitaient pêle-mêle les victimes et les bourreaux.

Cependant quelques Indiens étaient parvenus à se réunir ; formés en une troupe compacte d’une vingtaine d’hommes, ils opposaient une résistance désespérée à leurs assassins, exaspérés par l’odeur du sang et l’enivrement du carnage.

En tête de cette troupe se tenait un Indien de haute taille, à demi nu, aux traits intelligents, qui,