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du Rio-San-Pedro se préparaient à faire une partie de guerre : tel est le nom qu’ils donnent aux massacres qu’ils organisent contre les Peaux-Rouges.

Vers minuit, le Cèdre-Rouge et ses trois fils arrivèrent au camp des Rangers.

Il paraît qu’ils étaient attendus avec impatience, car les bandits les reçurent avec les marques de la plus grande joie et du plus chaleureux enthousiasme.

Les dés, les cartes et les botas de mezcal et de wiskey furent immédiatement abandonnés ; les Rangers montèrent à cheval et vinrent se grouper autour des squatters, auprès desquels s’étaient placés Fray Ambrosio et son ami Andrès Garote.

Le Cèdre-Rouge jeta un regard sur la foule et ne put réprimer un sourire d’orgueil à la vue de la riche collection de bandits de toutes sortes qu’il avait autour de lui et qui le reconnaissaient pour chef.

Il étendit le bras pour réclamer le silence.

Chacun se tut.

Le géant prit alors la parole :

— Señores caballeros, dit-il d’une voix forte et accentuée, qui fit tressaillir d’aise tous ces drôles flattés d’être traités comme des honnêtes gens, l’audace des Peaux-Rouges devient intolérable ; si nous les laissons faire, ils inonderont bientôt le pays, où ils pulluleront si bien qu’ils finiront par nous en chasser ; cet état de choses doit avoir un terme. Le gouvernement se plaint de la rareté des chevelures que nous lui fournissons ; il dit que nous ne remplissons pas les clauses de l’engagement que nous avons contracté envers lui ; il parle de nous licencier, puisque notre service est inutile et par conséquent onéreux à la République. Il