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en arrière, le jeune homme disparut rapidement dans les méandres de la forêt.

La vallée du Bison, éclairée par les derniers rayons du soleil couchant, semblait un lac de verdure auquel la brume dorée du soir donnait des tons magiques. Une folle brise courait insoucieuse de la haute cime des cèdres, des catalpas, des tulipiers et des arbres du Pérou, aux grandes herbes des rives du rio San-Pedro.

Don Pablo laissait flotter nonchalamment les rênes sur le cou de son cheval, et s’avançait tout rêveur au milieu des piverts aux ailes d’or, des choucas empourprés, et des cardinaux qui voltigeaient çà et là de branche en branche en saluant, chacun dans son langage, l’approche de la nuit.

Une heure plus tard, le jeune homme arrivait à l’hacienda.

Mais la blessure qu’il avait reçue à l’épaule était plus grave qu’il ne l’avait d’abord supposé ; il avait été obligé, à son grand regret, de garder le lit, ce qui l’avait empêché, malgré ce qui s’était passé, de chercher à revoir la jeune fille dont l’image était profondément gravée dans son cœur.

Dès que le Mexicain se fut éloigné, les squatters se remirent à abattre les arbres et faire des planches, travail qu’ils n’abandonnèrent que lorsque la nuit fut devenue tout à fait noire.

Ellen était rentrée dans l’intérieur du jacal, où elle s’occupait, avec sa mère, des soins du ménage.

Ce jacal était une misérable hutte, faite à la hâte avec des branches d’arbres entrelacées, qui tremblait à tous les vents et laissait pénétrer à l’intérieur la pluie et le soleil.

Cette hutte était partagée en trois compartiments :