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gnant à chaque instant de la voir s’évanouir comme un vain prestige, n’osant détourner d’elle son regard et n’ayant plus de forces que pour l’admirer.

Cette jeune fille, si frêle et si délicate, formait un contraste étrange avec les hautes statures et les traits sombres et accentués de ses frères, dont les façons sauvages et abruptes faisaient encore ressortir l’élégance et le charme répandus sur toute sa personne.

Cependant cette scène ne pouvait se prolonger plus longtemps, il était urgent de la terminer.

La jeune fille s’avança vers don Pablo.

— Monsieur, lui dit-elle avec un doux sourire, vous n’avez plus rien à craindre de mes frères, vos armes vous sont inutiles ; vous pouvez remonter à cheval et partir sans crainte, nul ne s’opposera à votre départ.

Le jeune homme comprit qu’il n’avait aucun prétexte pour prolonger son séjour en cet endroit : il baissa la tête, remit ses pistolets dans ses fontes, sauta sur son cheval et s’éloigna à regret et le plus doucement possible.

À peine avait-il fait une lieue qu’il entendit le pas précipité d’un cheval derrière lui.

Il se retourna.

Le cavaUer qui s’avançait était Schaw.

Il eut bientôt rejoint don Pablo. Les jeunes gens marchèrent assez longtemps côte à côte sans échanger une parole.

Tous deux paraissaient plongés dans de profondes méditations.

Arrivés sur la lisière de la forêt, Schaw arrêta son cheval et posa doucement sa main droite sur la bride de celui du Mexicain.

Don Pablo s’arrêta, lui aussi, à cet attouchement, et