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étincelants, se précipita sur son frère le couteau à la main.

Sutter l’attendit de pied ferme.

La jeune fille s’élança entre eux.

— La paix ! la paix ! s’écria-t-elle d’une voix vibrante, osez-vous bien vous menacer entre frères ?

Les deux jeunes gens demeurèrent immobiles, mais en se mesurant de l’œil et prêts à en venir aux mains.

Don Pablo fixait un regard ardent sur la jeune fille.

Elle était réellement admirable en ce moment.

Les traits animés par la colère, le corps cambré, la tête haute, les bras étendus entre les deux hommes, elle ressemblait, à s’y méprendre, à ces druidesses qui, dans les anciens jours, appelaient dans les vieilles forêts de la Germanie les guerriers au combat.

Elle offrait dans toute sa personne le type complet de ces suaves et vaporeuses femmes du Nord.

Sa chevelure blonde et dorée comme des épis mûrs, ses yeux d’une douceur extrême qui reflétaient l’azur du ciel, sa bouche sérieuse aux lèvres roses et aux dents de perles, sa taille souple et mignonne, la blancheur de son teint dont la peau fine et transparente avait encore le duvet de l’adolescence, tout dans cette charmante enfant se réunissait pour en faire la plus séduisante créature qui se puisse imaginer.

Don Pablo, auquel ce genre de beauté était inconnu, se sentait malgré lui attiré vers la jeune fille, il était entièrement subjugué par elle. Oubliant la raison qui l’avait amené en cet endroit, le danger qu’il avait couru et celui qui le menaçait encore, il était fasciné et tremblant devant cette délicieuse apparition, crai-