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bonnes armes, munissez-vous-en, on ne sait pas ce qui peut arriver. Je ne sais pourquoi la confidence tronquée de ce drôle, ses réticences même, éveillèrent ma curiosité ; je résolus de me rendre à la vallée du Bison afin d’avoir le mot de cette énigme.

— Andrès Garote est un coquin qui te tendait un piége, dans lequel tu es tombé, mon fils, interrompit don Miguel.

— Non, mon père, vous vous trompez : Andrès a été loyal envers moi, je n’ai que des remercîments à lui faire ; seulement, peut-être aurait-il dû s’expliquer plus catégoriquement.

L’hacendero hocha la tête d’un air de doute.

— Continue, dit-il.

— J’entrai à l’habitation, je pris mes armes, puis, monté sur Negro, mon coureur noir, je me dirigeai vers la vallée du Bison. Vous savez, mon père, que l’endroit que nous nommons ainsi, et qui nous appartient, est une immense forêt de cèdres et d’érables de près de quarante milles de tour et traversée dans toute sa longueur par un large affluent du rio San-Pedro.

— Certes, je le sais, et je compte, l’année prochaine, y faire exécuter des abatis dans les hautes futaies.

— Vous n’aurez pas besoin de vous donner cette peine, fit le jeune homme en souriant, un autre a pris ce soin pour vous.

— Hein ? qu’est-ce que cela veut dire ? s’écria l’hacendero avec colère ; qui a osé ?

— Eh ! mon Dieu, un de ces misérables squatters hérétiques, ainsi qu’ils se nomment eux-mêmes ; le coquin a trouvé le lieu à sa convenance et s’y est