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— J’écoute, répondit don Miguel en faisant sur lui-même un effort pour se calmer.

— Deux jours après votre départ, mon père, continua don Pablo, je surveillais, ainsi que vous me l’aviez recommandé, les travaux de la sucrerie et la coupe des cannes, lorsqu’un chasseur que vous avez souvent vu rôder aux environs de l’habitation, un certain Andrès Garote, m’accosta au moment où, après avoir donné quelques ordres au majordome, j’allais rentrer. Après m’avoir salué obséquieusement, suivant son habitude, le drôle sourit cauteleusement, et, baissant la voix afin de ne pas être entendu de ceux qui m’entouraient : « N’est-ce pas, don Pablo, me dit-il, que vous donneriez de bon cœur une demi-once à celui qui vous apprendrait une nouvelle importante ? — C’est selon, lui répondis-je, car connaissant l’homme de longue date, je savais qu’il n’y avait pas trop à s’y fier. — Bah ! votre grâce est si riche, reprit-il insidieusement, qu’une misérable somme comme celle-là est moins que rien dans sa poche, au lieu que dans la mienne elle me ferait grand bien. »

À part ses défauts, ce drôle nous a parfois rendu quelques petits services ; et puis, comme il le disait, une demi-once n’est qu’une misère ; je la lui donnai, il se hâta de la faire disparaître dans son habit, et se penchant à mon oreille : Merci, don Pablo, me dit−il, je ne vous volerai pas votre argent ; votre cheval est reposé, il peut fournir une longue course : rendez-vous à la vallée du Bison, là vous apprendrez quelque chose qui vous intéressera. Ce fut en vain que je le pressai de s’expliquer plus clairement, il me fut impossible d’en rien tirer davantage. Seulement, avant de me quitter : Don Pablo, ajouta-t-il, vous avez de