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par Fray Ambrosio, suivirent le rivage au galop, afin de couper la retraite au cheval de doña Clara lorsqu’il aborderait.

Andrès Garote, après plusieurs efforts infructueux, se rendit maître du cheval du Cèdre-Rouge et l’amena à celui-ci, au moment où il venait de poignarder son ennemi et de lui enlever la chevelure.

L’Américain se remit en selle, gagna le rivage et tâcha de rétablir un peu d’ordre dans sa troupe, tout en suivant avec anxiété les péripéties du drame silencieux qui se jouait dans la rivière entre la Plume-d’Aigle et la jeune Espagnole.

Le sachem Coras avait lancé son cheval à la poursuite de celui de doña Clara, et tous deux, sur une ligne presque parallèle, suivaient le fil de l’eau, le premier cherchant à se rapprocher du second, qui s’efforçait au contraire d’augmenter de plus en plus la distance qui les séparait.

Tout à coup le cheval du Coras fit un bond en poussant un hennissement de douleur, et il commença à battre follement l’eau de ses pieds de devant, tandis que la rivière se teignait en rouge autour de lui.

Le chef, comprenant que son cheval était blessé à mort, quitta la selle et se pencha de côté, prêt à plonger.

En ce moment, une face hideuse apparut au niveau le l’eau en riant d’une façon diabolique, et une main s’avança vers lui pour le saisir.

Avec cet imperturbable sang-froid qui n’abandonne jamais les Indiens, même dans les circonstances les plus critiques, le Coras saisit son tomawhawk, fendit le crâne de son ennemi, et se laissa glisser dans l’eau.

Alors un formidable cri de guerre éclata dans la fo-