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À l’extrémité de la cour s’élevait, dans l’angle de l’hacienda, au-dessus de son toit en terrasse, le haut clocher carré de la chapelle.

Cette chapelle était desservie par un moine nommé Fray Ambrosio.

Une campagne magnifique formait à cette ferme une splendide ceinture.

Au fond d’une vallée, longue de plus de cinquante milles, se trouvaient des bois de cactus de forme conique, surchargés de fleurs et de fruits, et dont le tronc avait jusqu’à cinq et six pieds de diamètre.

Don Miguel employait un nombre considérable de peones, à cause de la culture de la canne à sucre qu’il faisait sur une grande échelle.

Chacun sait que la canne se plante en la couchant horizontalement dans des sillons d’un demi-pied de profondeur. De chaque nœud sort une tige qui atteint une hauteur de trois mètres environ, et que l’on coupe au bout d’un an pour en extraire le sucre.

Rien de pittoresque comme l’aspect que présente un champ de cannes.

Il faisait une de ces superbes matinées américaines pendant lesquelles la nature semble en fête.

Le centzontle (le rossignol américain) jetait souvent les notes harmonieuses de son chant ; les cardinaux à la gorge rose, les oiseaux bleus, les perroquets, gazouillaient et babillaient gaiement sous la feuillée ; au loin dans la plaine galopaient par troupes de légers antilopes, de craintifs asshatas, et parfois, à l’extrême imite de l’horizon, passaient en galopant des manadas effarés de chevaux sauvages, qui soulevaient des flots d’une poussière impalpable sous le choc de leurs sabots rapides.