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Ces paroles étaient prononcées en langue apache, dialecte bien connu des squatters.

— C’est un Indien, dit Nathan.

— Crois-tu que je ne l’ai pas reconnu ! répondit brutalement le Cèdre-Rouge ; et il ajouta dans la même langue : Il n’y a pas d’amis dans l’ombre du désert. Que mon frère s’écarte de ma route, ou je le tue comme un coyote.

— Est-ce ainsi, reprit l’Indien, que le mangeur d’hommes reçoit celui que Stanapat, le grand sachem des Comanches, lui envoie pour lui servir de guide ? Alors, adieu ; je me retire.

— Un instant, by God ! s’écria vivement le squatter en baissant son rifle et faisant signe à son fils de l’imiter, je ne pouvais deviner qui vous étiez ; avancez sans crainte et soyez le bienvenu, frère, je vous attendais avec impatience.

L’Indien s’avança : il portait le costume et les peintures caractéristiques des guerriers apaches ; en un mot, il était si bien déguisé, que Valentin lui-même n’aurait pu reconnaître en lui son ami la Plume-d’Aigle, le sachem des Coras, bien que ce fût lui.

Le Cèdre-Rouge, tout joyeux de l’arrivée de son guide, le reçut de la façon la plus affable.

Depuis longtemps il connaissait Stanapat le plus féroce guerrier de toutes les nations indiennes qui sillonnent dans tous les sens les immenses déserts du Rio-Gila, et avec lequel nous ferons bientôt connaissance.

Après plusieurs questions auxquelles la Plume-d’Aigle répondit sans se troubler et sans se couper une seule fois, le Cèdre-Rouge, convaincu qu’il était réellement l’homme que le chef apache avait promis de lui envoyer, bannit toute défiance, et causa ami-