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ne trahissait au dehors la crainte qui le dévorait. Il répondit par un signe de tête au salut cérémonieux des Comanches et se redressa comme s’il avait eu l’intention de leur adresser la parole ; mais si tel était son désir, l’Unicorne ne lui laissa pas le temps de le manifester.

Le sachem se drapa dans sa robe de bison avec cette grâce pleine de majesté que possèdent tous ces enfants indomptés du désert, releva fièrement la tête et s’avança résolument vers le général Ventura, qui le regardait s’approcher d’un œil inquiet.

Arrivé à quatre pas du général, TUnicorne s’arrêta, croisa ses bras sur sa poitrine et prit la parole :

— Je salue mon père, dit-il d’une voix haute et ferme ; je viens, ainsi que cela a été convenu hier, chercher la réponse qu’il me doit.

Le général hésita un instant.

— J’attends, reprit l’Indien avec un froncement de sourcils de mauvais augure.

Le général, poussé presque dans ses derniers retranchements, vit que l’heure était enfin venue de s’exécuter, et qu’il ne lui restait plus aucun échappatoire.

— Chef, répondit-il d’une voix peu assurée, votre démarche a tout lieu de me surprendre. Les Espagnols ne sont pas, que je sache, en guerre avec votre nation ; les blancs n’ont, à ma connaissance, commis aucune action dont vous soyez en droit de vous plaindre. Pour quelle raison venez-vous donc, contre la foi jurée, quand rien ne vous y autorise, envahir une ville sans défense, et vous immiscer dans des affaires qui ne regardent que nous ?

Le sachem comprit que l’Espagnol cherchait à dé-