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Au milieu du détachement, garrottés deux à deux et à demi nus, les prisonniers espagnols faits pendant la nuit avaient été placés.

Tout à coup un certain tumulte s’éleva dans le camp, et deux hommes se précipitèrent haletants du côté où se tenaient Valentin et le sachem, ainsi que Curumilla.

Ces deux hommes étaient don Pablo, le fils de don Miguel Zarate et le père Séraphin.

Leurs vêtements étaient en désordre, leurs traits décomposés, leur visage ruisselant de sueur.

En arrivant auprès de leurs amis, ils se laissèrent aller accablés et presque évanouis sur le sol.

On leur prodigua les soins que leur état exigeait.

Le missionnaire fut le premier qui revint à lui.

Don Pablo était comme hébété, des larmes coulaient incessamment sur ses joues, sa poitrine était gonflée par les sanglots, il ne pouvait prononcer une parole.

Valentin était en proie à une vive inquiétude.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! s’écria-t-il, qu’est-il arrivé encore, don Miguel ?…

Le missionnaire secoua la tête.

— Non, dit-il, il ne lui est rien arrivé que je sache.

— Dieu soit loué ! Mais qu’avez-vous, mon père ? quel malheur allez-vous m’annoncer ?

— Un affreux malheur, en effet, mon fils, dit en cachant son visage dans ses mains le missionnaire.

— Parlez, au nom du ciel ! vos réticences me tuent.

— Doña Clara…

— Eh bien ! fit vivement le chasseur…