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« Je vous salue, Marie très-pure. Quatre heures sont sonnées ! Vive le Mexique ! Tout est tranquille ! »

Ce cri n’était-il pas une sanglante ironie du hasard, pendant cette nuit terrible ?


XXI.

Le général Ventura.

Il était six heures du matin environ. Un soleil éblouissant déversait à profusion ses chauds rayons sur les rues déjà pleines de bruit et de mouvement du presidio de Santa-Fé à cette heure matinale.

Le général Ventura, gouverneur de la province, retiré au fond de ses appartements, était encore plongé dans un profond sommeil que berçaient sans doute des rêves attrayants, à en juger par l’air de béatitude répandu sur ses traits.

Le gouverneur, rassuré par l’arrivée prochaine du régiment de dragons qui lui était promis, se croyait certain de ne plus rien avoir à redouter des mutins qui, jusqu’à ce moment, lui avaient inspiré de si vives inquiétudes ; il pensait aussi, grâce au renfort qui allait lui arriver, pouvoir facilement se débarrasser des Comanches qui, la veille, lui avaient si audacieusement, au sein même de son palais, posé des conditions inacceptables.

Il dormait de ce sommeil si doux du matin où le corps, complétement reposé de ses fatigues, laisse à l’âme la liberté entière de ses facultés.

Tout à coup la porte de la chambre à coucher dans laquelle reposait le digne gouverneur s’ouvrit avec fracas, et un officier entra.