Page:Aimard - Le Chercheur de pistes, 1860.djvu/372

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’avança peu à peu, pouce à pouce, rampant comme un serpent, s’arrêtant par intervalles, afin que l’ondulation de l’herbe ne dénonçât pas sa présence, usant enfin de toutes les précautions usitées en pareil cas.

Enfin il atteignit un bouquet d’arbres du Pérou éloigné de quelques pieds seulement de l’endroit où les hommes qu’il voulait surprendre étaient arrêtés. Arrivé là, il se releva, s’allongea contre l’arbre le plus gros et attendit en prêtant l’oreille.

Son attente ne fut pas trompée : bien que quelques mots lui échappassent parfois, il était assez près pour saisir complétement le sens de la conversation.

Cette conversation était des plus intéressantes pour lui, en effet. Un sourire sinistre éclaira son visage, et il serra avec joie le canon de son rifle.

Ceux que Nathan espionnait ainsi, le lecteur le sait, étaient Valentin, Curumilla, l’Unicorne, don Pablo et le père Séraphin.

Au bout d’un instant, le groupe se sépara en deux.

Valentin, Curumilla et l’Unicorne prirent le chemin de la campagne, tandis que don Pablo et le père Séraphin, au contraire, retournaient vers la ville.

Valentin et ses deux amis passèrent presque à toucher le jeune homme, qui instinctivement porta la main à ses pistolets ; ils s’arrêtèrent même un instant en jetant des regards soupçonneux sur le buisson qui recelait leur ennemi, se consultant entre eux à voix basse.

L’Unicorne écarta quelques branches et regarda dans l’intérieur.

Pendant quelques secondes, Nathan éprouva une angoisse indicible : une sueur froide perlait à la ra-