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semble, s’introduisant à reculons les uns après les autres dans la cavité, de façon que le dernier a l’extrémité de son groin placée juste à l’entrée du trou, et reste pour ainsi dire en vedette, chargé de veiller sur le repos de ses compagnons.

Les peccaris sont d’une férocité sans bornes, il ne connaissent pas le danger ou du moins le méprisent complétement ; ils attaquent toujours en troupe et combattent avec une rage sans pareille jusqu’à ce que le dernier succombe, quel que soit l’ennemi qu’ils aient devant eux.

Aussi, hommes et bêtes, chacun fuit la rencontre de ces animaux terribles ; le jaguar lui-même, si fort et si redoutable, devient leur proie, si pour son malheur il a l’imprudence de s’attaquer à eux.

Voici de quelle façon ils procèdent pour vaincre le fauve.

Quand un jaguar a blessé un peccari, ceux-ci se réunissent, lui donnent la chasse et le poursuivent jusqu’à ce qu’ils parviennent à le cerner.

Lorsque toute issue lui est fermée, le jaguar, croyant échapper à ses ennemis, se réfugie sur un arbre ; mais les peccaris ne renoncent pas à leur vengeance : ils s’établissent au pied de l’arbre, recrutant sans cesse de nouveaux alliés et attendant patiemment que, poussé à bout par la faim et la soif, le jaguar se décide à descendre de sa forteresse improvisée.

C’est ce qui ne manque pas d’arriver au bout de deux ou trois jours au plus ; le fauve se décide enfin à s’élancer ; il bondit au milieu de ses ennemis qui l’attendent de pied ferme et l’attaquent bravement ; une bataille terrible s’engage, et le tigre, après avoir jonché le terrain de victimes, succombe enfin sous