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que nous avons de mieux à faire est de camper ici pour le reste de la nuit ; au lever du soleil nous nous remettrons en route.

— Vous avez raison, colonel, répondit l’officier auquel il paraissait s’adresser plus directement ; quelques heures de retard ne signifient rien, et nous ne risquerons pas de faire fausse route.

— Donnez l’ordre de faire halte.

L’officier exécuta immédiatement le commandement de son chef.

Les soldats, fatigués d’une longue marche de nuit, accueillirent avec des cris de joie l’ordre de s’arrêter ; ils mirent pied à terre, les chevaux furent dessellés, attachés à des piquets, les feux allumés, et en moins d’un quart d’heure le bivouac fut organisé.

Le colonel, en désirant camper pour la nuit, avait une crainte plus sérieuse que celle de faire fausse route : c’était celle de tomber dans un parti d’Indios bravos.

Le colonel était brave, maintes fois il l’avait prouvé : blanchi sous le harnais, c’était un vieux soldat qui ne redoutait pas grand’chose au monde ; mais, habitué aux guerres de l’intérieur de la république, n’ayant jamais eu en face de lui que des adversaires à peu près civilisés, il professait pour les Indiens cette crainte instinctive que tous les Mexicains ont d’eux, et il ne voulait pas risquer d’avoir maille à partir avec un détachement de guerre apache ou comanche, au milieu de la nuit, dans une contrée dont il ignorait les ressources, et risquer de faire tailler en pièces son régiment par ces insaisissables ennemis.

D’un autre côté, il ignorait que le gouverneur de Santa-Fé eût de lui un aussi pressant besoin, ce qui