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— Eh quoi, il serait possible ! s’écria le père Séraphin avec étonnement, doña Clara serait ici !

— Demandez à ces hommes ! répondit rudement Schaw en frappant avec force la crosse de son rifle contre le sol.

— Est-ce vrai ? interrogea le prêtre.

— C’est vrai, fit le gambusino.

Le père Séraphin fronça les sourcils, son front pâle se couvrit d’une rougeur fébrile.

— Monsieur, dit-il d’une voix étranglée par l’indignation, je vous somme au nom du Dieu que vous servez et dont vous prétendez être le ministre, je vous somme de rendre immédiatement la liberté à la malheureuse jeune fille que vous avez si indignement séquestrée au mépris de toutes les lois divines et humaines ; je me charge, moi, de la remettre entre les mains de ceux qui pleurent sa perte.

Fray Ambrosio s’inclina, il baissa les yeux et répondit d’une voix hypocrite :

— Mon père, vous vous méprenez sur mon compte ; je ne suis pour rien dans l’enlèvement de cette pauvre enfant, enlèvement auquel je me suis opposé au contraire de tout mon pouvoir ; et cela est si vrai, mon père, ajouta-t-il, qu’au moment où ce fou enragé est arrivé, ce digne gambusino et moi nous avions résolu, coûte que coûte, de délivrer doña Clara et de la rendre à ceux dont elle dépend.

— Je veux vous croire, monsieur ; si je me suis trompé, ainsi que vous le dites, vous me pardonnerez, les apparences étaient contre vous ; il ne tient qu’à vous de vous justifier pleinement à mes yeux, c’est d’obtempérer à mon désir.

— Soyez satisfait, mon père, répondit le moine.